Rivières d’argent.
Les Monts d’Arrée sont considérés, à juste titre, comme le château d’eau du Finistère. Plusieurs cours d’eau côtiers prennent ici leur source: Elorn, Douffine,  Ellez, Rivière d’Argent, Aulne, Queffleuth. L’Ellez et la Rivière d’Argent ont, dans leur partie supérieure, tracé leur cours dans des massifs granitiques. Au fil des millions d’années, dans les zones de plus grande pente, ils ont donné naissance à des chaos granitiques qui font le bonheur des enfants de la région et des touristes. Le chaos de Huelgoat en particulier est aménagé en circuit touristique et chaque été des flots de visiteurs viennent admirer, et photographier ces amoncellements de blocs arrondis aux formes singulières. Le chaos de Saint Herbot est par contre resté beaucoup plus sauvage et la prudence est recommandée pour toute visite qu’il sera préférable de faire accompagné, les communications téléphoniques n’étant pas garanties.
Selon les saisons on pourra admirer le mousses, les lichens qui les ont colonisés ou les feuilles mortes qui créent de fugaces tapis d’or. Mais ce sont surtout les fantaisies de l’eau vive qui vont ici nous intéresser. Au fil des saisons, l’eau peut paraître assagie ou au contraire déchaînée lorsque les pluies et les crues saturent les landes et les vallées en amont. La présence de retenues artificielles (Lac de Brennilis, Etang de Kerprouet) et de centrales hydro-électriques a modifié leur régime et ce n’est pas nécessairement à l’issue d’épisodes de pluies intenses que les crues seront visibles dans les chaos, EDF, gestionnaire des ouvrages, ne communiquant pas toujours sur ses intentions.
Les galeries présentées ici comportent une partie “cartes postales”, déjà largement documentée et reproduite depuis des décennies. Cette partie n’a pas d’autre objectif que de rappeler la beauté des écrins de verdure au sein desquels évoluent les “rivières d’argent”.  Elles comportent aussi une seconde partie qui correspond à une interprétion plus personnelle des sites et dans laquelle on tentera d’appréhender les structures et les contrastes spécifiques de ces milieux originaux.

Huelgoat et sa Rivière d’Argent.
Le Lac d’Huelgoat est alimenté par la rivière du Fao et celle de Kerbizien. A la sortie du lac, près du Moulin, nait la Rivière d’Argent, dont une partie de l’eau est immédiatement détournée en rive droite vers un canal souterrain qui alimente un long canal sinuant au gré des fantaisies de la courbe de niveau correspondante. A l’extrémité aval du canal, une conduite forcée amène l’eau  à une usine hydro-électrique. Il n’est donc pas étonnant que le débit résiduel dans le chaos d’Huelgoat n’ait qu’un lointain rapport avec les débits en amont et que les crues y soient rares  et spectaculaires.

On peut légitimement considérer que les couleurs sont essentielles pour rendre compte de la splendeur de ce chaos.
On peut aussi comme le disait le photographe japonais Tatsuo Suzuki, qui dépeignait Tokyo en N&B, que “la couleur est trop bavarde” et ne permet pas d’aller à l’essentiel.

Chaos granitique de Saint-Herbot
Beaucoup moins fréquenté que le chaos du Huelgoat distant seulement de quelques kilomètres, le chaos de Saint Herbot est exceptionnel. Avant la création de l’usine hydro-électrique de saint-Herbot, la totalité du débit de l’Ellez transitait par le chaos et il y avait un village installé en amont de la cascade sommitale avec un moulin dont il ne subsiste rien sinon quelques murs ruinés noyés sous la végétation. Les témoignages sur la vie dans les villages de cette région des Monts d’Arrée indiquent qu’elle était plutôt difficile et basée sur une agriculture de subsistance  exercée sur des terres ingrates, parsemées de pierres et propices à la prolifération des fougères et bruyères. Un dicton cornouaillais ne disait-il pas “Kompeza Brasparz, diradenna Ploue, diveina Berrien, dic’hasta Poullaouen” (aplanir Braspart, enlever les fougères de Plouyé, dérocher Berrien [Huelgoat et Saint-Herbot], assagir les filles de Poullaouen), autant de choses impossibles à Dieu.
Du début du 20ème siècle quelques cartes postales permettent de voir à quoi ressemblait le lit de l’Ellez.  En bordure d’un champ de blocs, un moulin et quelques modestes maisons de pierres, semblables à celles de tous les villages des Monts d’Arrée où abonde le granit, sont visibles.
Plus d’un siècle plus tard, la végétation a repris ses droits et, contrairement à cette époque où le bois était la principale source d’énergie,  l’exploitation du bois en terrains difficiles n’est plus d’actualité. De ce fait, le lit de la rivière est aujourd’hui inséré dans un magnifique écrin de verdure aux nuances de couleurs changeantes selon les saisons.
Pour qui souhaite passer directement aux photos en couleurs du chaos cliquer ici.

Au début du 20ème siècle.  (photos d’archives du patrimoine bzh)

Le chaos de Saint Herbot aujourd’hui.
Ce site mérite attention pour son décor de chaos granitique. Il y règne aussi un micro-climat propice au développement d’une flore de lichens et mousses remarquables qui ne sera pas ici documentée  (voir: Saint Herbot sur le site lichens maritimes).

Le choix du N&B peut être discuté et, dans l’hypothèse où l’approche du chaos dans son écrin de verdure serait privilégiée, la galerie complémentaire suivante  donnera un aperçu du spectacle offert par ce site en différentes saisons et avec différents régimes d’écoulement, sachant que la règle est celle du filet d’eau correspondant au débit réservé au niveau de la canalisation de sortie du barrage au dessus de la cascade. Le régime d’exception est observable les jours de crues majeures, lorsque le débit excède largement celui absorbable par l’usine, ou lors des opérations d’entretien sur la conduite forcée ou le barrage ou l’usine.
Au delà du chaos, le cours de l’Ellez se poursuit dans la campagne avant de rejoindre l’Aulne à Pont Pénity. Le long de cette rivière, des prairies inondables ont longtemps servi de pâture pendant les mois d’été. Pendant les mois d’hiver, c’était une autre histoire et une autre ambiance. La galerie “Stêr an Diaoul “ tente de donner un aperçu de ce monde caché au sein des “Mondes d’Arrée”.

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