Fusuma-e

Martin pêcheur (Tokyo)

Les présentations qui suivent sont  à caractère documentaire. Ceci est vrai pour les fusuma-e ou peintures sur panneaux coulissant, les jardins et les temples et sanctuaires. Les  textes et les photos n’ont pour objet que de partager des moments de découverte dont la qualité doit tout aux artistes qui sont à l’origine de ces créations. En premier lieu figure le génie du peuple japonais qui au travers de son histoire a su exprimer ses talents et les conserver au cours des siècles.
Plus spécifiquement, et pour chaque galerie, les auteurs des œuvres seront mentionnés et dans toute la mesure du possible des liens permettront aux lecteurs d’en découvrir davantage.
Pour visionner les informations présentées pour un temple donné,  cliquer sur le nom correspondant:

Daitoku-ji       Kodai-ji          Konpira-san          Myoshin-ji          Nanzen-ji Konchi-in           Shoren-in

大徳寺(Daitoku-ji).

大徳寺(Daitoku-ji).
Il s’agit d’un temple bouddhiste relevant de l’école zen Rinzai et plus précisément d’un vaste complexe de bâtiments dont de nombreux temples secondaires et de jardins situés au nord de Kyoto. Une description générale du site peut être consultée sur le site de Wikipédia.
L’une des particularités de ce temple est d’allier une riche tradition historique incluant des fusuma-e remontant à l’époque de sa création avec une démarche de création contemporaine faisant appel à des artistes en activité venant d’horizons divers. La justification avancée est la dégradation de certaines peintures anciennes et le coût prohibitif des restaurations.  L’instauration de cette démarche est due à une initiative de l’abbé de Shinjuan.  Elle vise à instaurer une continuité entre la pratique des anciens et les arts graphiques d’aujourd’hui. Cette démarche s’inscrit dans une approche générale ainsi qu’en témoigne le patrimoine du Kompira-san.
Sur le site du Daitoku-ji, en fonction des périodes d’ouverture, il sera possible de contempler:
des fusuma-e classiques peints par Kanō Tannyū dans le Hōjō ou résidence de l’abbé, ainsi que dans le Hattō ou salle de conférences
–  de nouvelles créations dues à des artistes contemporains (Kenichi Kitami, Tsuribaka Nischi, Isamu Kamikokuryo, Hiroyuki Yamaga, etc.).
Les photos ci-dessous, malgré les problèmes de qualité dus à l’hétérogénéité de la lumière, rendent compte des effets délétères du temps long sur l’état des peintures.
Une dernière photo de la salle des prières témoigne de la beauté et de la quiétude des lieux ouverts à la méditation sur un jardin sec (kare-sansui).

Les photos présentées ci dessus ont été réalisées lors de deux visites du temple en 2014 et 2018. Elles sont bien loin de permettre de se faire une idée de la richesse et des trésors que recèle le Daitoku-ji. Les temples ne sont pas nécessairement ouverts aux visites au cours de certaines périodes et de plus certaines ouvertures demeurent exceptionnelles. N’ayant pu admirer et photographier des œuvres majeures, en particulier celles attribuées à Kano Eitoku,  ces dernières sont présentées ci-dessous en format relativement dégradé.
Elles ont pour source l’encyclopédie “Genshoku Nihon Bijutsu, Takeda Tsuneo, Vol. 13, pp 232, Ed. Shogakku, 1967. Ayant plus de cinquante ans, elles sont, conformément à la législation japonaise, libres de droit.
On pourra aussi utilement pour compléter cette brève présentation consulter le site “Masterpieces of Japanese Culture“.

高台寺 (Kodai-ji)

高台寺 (Kodai-ji)
Localisé sur le flanc est de Kyoto (Higashiyama). Ce temple bouddhiste de la secte Rinzai est remarquable à plusieurs titres.
– Pour ses jardins, et notamment ses érables, et ses bambous;
– pour ses trésors culturels et en particulier ses peintures et objets laqués issus de l’art du “maki-e” (pratique développée depuis l’époque de Heian et de Muromachi (voir “Maki-e” sur le site web du Kodai-ji ci-dessus);
– pour avoir accueilli une artiste peintre contemporaine, Senrin Yamagishi, invitée en 1997-98 à magnifier l’esprit du cerisier du temple alors en fin de vie. L’œuvre résultante occupe 4 panneaux et est visible à certaines périodes de l’année ( en principe du début mars à fin mai). Elle porte le nom de “Shunkei shidarezakura”. La beauté et le classicisme de l’œuvre ne sont pas sans rappeler les merveilles de certaines floraisons de cerisiers au Japon. On peut aussi s’interroger sur la source d’inspiration de l’œuvre “correspondante” plus récente de Damien Hirst, sachant que le spectacle des cerisiers pleureurs en fleurs peut s’observer en de nombreux endroits.
Ici, il s’agit d’une scène photographiée dans le jardin près de l’entrée du Myoshin-ji au printemps.

金刀比羅宮 (Kotohira-gu) ou Kompira-san

Le Konpira-san est situé à Kotohira-cho dans la préfecture de Kagawa au nord de l’Ile de Shikoku. On le rejoint si possible en prenant le train de la ligne Kotoden qui part de Takamatsu. Il ne faut pour rien au monde rater ce voyage dans un train “de campagne”, décoré de dessins pour enfants et qui bringuebale ses passagers au gré des fantaisies de la voie ferrée. L’antithèse du Shinkansen, une rareté qui demande à être connue.
Le Konpira-san est un sanctuaire, haut lieu du shintoisme, dédié à la mer et en tout premier lieu à Mer Intérieure Seto dont il est tout proche. Sa visite se mérite, les bâtiments de trouvant sur des terrasses que l’on gagne depuis Kotohira par une série d’escaliers interminables.
Mais ce n’est pas parce que l’on est arrivé sur les lieux du sanctuaire et des bâtiments qui abritent des trésors de la peinture japonais sur fusuma que l’on pourra les admirer.
L’auteur de ses lignes l’a appris à ses dépends en novembre 2018, trouvant toutes les portes fermées. On l’aura compris, il faut bénéficier d’ouvertures exceptionnelles pour contempler les merveilles. Et ce n’est pas sur le site en anglais du Konpira-san que vous trouverez la moindre information… Quant au site en  japonais, il a le mérite de présenter les nombreuses animations qui s’y déroulent.
La mini-galerie qui suit provient de reproductions en faible définition de photos publiées dans l’excellent ouvrage: Konpira-san, Sanctuaire de la mer, Trésors de la peinture japonaise, 2008. Cet ouvrage a été publié à l’occasion d’une exposition consacrée à ces peintures en 2008.

妙心寺 (Myoshin-ji)

Ce temple situé à Kyoto appartient à l’école du bouddhisme zen Rinzai. Fondé en 1342, il a subi comme de nombreux autres temples japonais des destructions au cours des épisodes sanglants de l’histoire japonaise.
Il s’agit en fait d’un complexe de bâtiments dont les visites ne sont pas toutes possibles.
Le grand hall ou Butsuden  abrite un lieu de prières important et quelques fusuma-e réalisées à l’encre dont certaines sont représentées dans la galerie ci-après.
Le complexe du Myoshi-ji comporte aussi le sous-temple du Tenkyu-in qui abrite des trésors de la peinture japonaise sur fusuma. Ils sont attribués à Kano Sanriku/Sansetsu.
Leur visite n’ayant pas été possible, on pourra se faire une idée de leur splendeur en consultant le site de Canon Tzuzuri.

La photographie ci-dessus est extraite du catalogue  Canon Tzuzuri  mentionné précédemment. Cette peinture de Kano Sanriku  sur quatre panneaux continue, plusieurs siècles après sa réalisation, à impressionner par sa composition et l’élégance du saule pleureur et des hérons blancs sur fond de panneaux dorés.

南禅寺 (Nanzen-ji)

Le Nanzen-ji est un complexe de temples situé dans le secteur de Higashiyama à Kyoto. Il abrite le centre (administratif)  de la secte bouddhiste Zen Rinzai.
Ce complexe inclut de nombreux bâtiments dont:

  • La porte Sanmon  (山門): le plafond de la porte principale est le support de peintures murales des écoles Tosa et Kanō représentant des anges et des oiseaux (non présentés ici).
  • Le Honden (本殿): hall principal avec sa célèbre peinture de dragon.
  • Le Hōjō Hall (方丈): quartier des moines et son jardin sec (kare sansui) attribué à Kobori Enshū (小堀 遠州, 1579-1647)
  • Nanzen-in (南禅院): autre sous-temple situé près de l’aqueduc avec son jardin et son bassin (voir les deux photos ci-dessous)
  • Le Tenju-an (天授庵): autre sous-temple situé au sud de la porte Sanmon, et son jardin japonais et son bassin en forme de coeur.
  • Le Konchi-in (金地院) situé au sud-ouest du Nanzen-in et son célèbre jardin avec tortue et grue également attribué à Kobori Enshū.

    De nombreuses peintures sur panneaux coulissants peuvent être admirés dans le Hōjō dont des œuvres  dues aux peintres de l’école Kano.

Jardins du Nanzen-ji.
Deux types de jardins très différents peuvent être vus à l’occasion de la visite du complexe du Nanzen-ji.
D’une part, attenant au Nanzen-in, un jardin promenade datant de la période de kamakura, avec un bassin et une composition végétale donnant toute son importance aux variations liées aux saisons, d’où l’importance des érables;
d’autre part le jardin sec (karesansui) du Konchi-in, datant du début de la période d’Edo. C’est l’un des jardins attribués sans ambiguïté à Kobori Enshu. C’est aussi l’un des archétypes du jardin île grue-île tortue. Dans la composition présentée dans les trois photos ci-dessous, le jardin vu depuis la terrasse du temple présente un espace de sable blanc au premier plan représentant classiquement la mer, puis au fond à gauche un ensemble de roches dessinant l’ile tortue, tête à droite. Sur le dos de la tortue, un vieux genévrier rajoute à la symbolique de la longévité de la tortue. Au milieu, une roche plate correspond à la pierre de prières. Dans la partie droite figure un ensemble de roches illustrant l’île grue. Le décor de buissons taillés à l’arrière plan change peu avec les saisons et la visite tout au long de l’année offre une scène relativement homogène. Il convient de remarquer que le décor symbolique des jardins fait écho aux représentations stylisées des fusuma-e:   utilisation d’animaux, de plantes ayant des correspondances étroites avec les mots de saisons (kihon-kigo) compilés dans l’almanach poétique (saïjiki) et abondamment utilisés dans la composition de haikus. Sur ce dernier point, lecteur curieux d’en savoir plus pourra avec bonheur consulter l’ouvrage suivant: La cloche de Gion, par Alain Kervern.2016, Ed. Folle Avoine.

青蓮院 (Shōren-in)

青蓮院 (Shōren-in)

Le Shōren-in est l’un des cinq temples de la secte bouddhiste Tendai dans la ville de Kyoto. Il est situé au pied du Mont Awata (Higashiyama). Aussi dénommé “temple du lotus bleu”, il est aussi renommé pour ses camphriers monumentaux et séculaires (kusunoki).
Depuis Dodaku, sixième moine supérieur, jusqu’à le période de Meiji, tous les supérieurs ont été membres de la famille impériale.
Le temple a été fondé à la fin de période de Heian et a connu de nombreuses destructions (guerre d’Onin, 1467-77 notamment) et incendies.  Les bâtiments actuels ont été reconstruits après le dernier incendie de 1893. Ils abritent aujourd’hui encore de nombreuses œuvres., dont une peinture du 10 ème siècle de “l’Ao Fudo” (non exposée lors de la visite du temple).
La particularité de ce temple réside dans ses fusuma-e qui ont été rénovées et ornées par l’artiste contemporain Kimura Hideki, connu sous le nom de Ki-Yan. La pièce réservée au dessin (kacho-den) possède sur ses fusumas de magnifiques peintures de fleurs de lotus ainsi que 36 poèmes calligraphiés (tanka).
Le temple possède deux jardins. La tradition indique que le jardin principal avec le bassin de ryūjin (ryūjin no ike) a été construit par Saomi pendant la période de Muromachi. Au centre du bassin, un long rocher allongé évoque le dos d’un dragon. A la droite du bassin se situe le bâtiment qui accueillait les quartiers de vie des moines (kogosho).
Le second jardin, dit de Kirishima (kirishima no niwa) est l’œuvre de Kobori Enshū Durant la période d’Edo.
La contemplation du « ryūjin no ike » se fait depuis l’intérieur (choisir ses heures de visite)  du temple ou depuis sa terrasse. C’est un moment privilégié hors du temps à apprécier sans modération.

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