Les Monts d’Arrée au cœur de la Bretagne constituent une région singulière par les paysages dénudés des hauteurs qui rappellent en plus modeste les paysages d’Irlande et d’Écosse. Au pied de ces monts fatigués s’étendent les bourgs et les villages, les forêts, les bocages et les cours d’eau qui y prennent source.  C’est cet ensemble, plus vaste que les seules “montagnes”, qui constitue les mondes d’Arrée.
Pour qui en vient, ce n’est qu’un monde “normal”, celui du territoire magique de l’enfance où bien avant d’entendre évoquer les légendes des Monts d’Arrée, les enfants dont je faisais partie avaient la chance d’y inventer leurs propres histoires, leurs propres aventures, loin de celles formatées par l’école ou les villes. Et même s’il faut bien reconnaître que les mythes et les légendes qui s’y rapportent font le bonheur des guides touristiques, il n’en demeure pas moins que l’ambiance, dans le brouillard ou la brume, dans les trouées des nuages et des forêts ou le long des cours d’eau reste  un objet d’étonnement dont il est difficile de se lasser.
Dans les galeries qui suivent on trouvera un échantillon des ambiances et merveilles que sont les chaos de rochers du Huelgoat et de Saint Herbot et quelques autres coups de cœur. Moins cartes postales, on y trouvera quelques photos témoignant des incendies de l’année 2022 et de la désolation qui nait dans la vallée abritant le Lac de Guerlédan à chaque “exercice” de vidange. Si les habitants des Monts d’Arrée, exode rural oblige, deviennent chaque année un peu moins nombreux, il existe une bien modeste consolation: les rochers sont fidèles et ne bougent guère, quant aux fougères (et aux lichens), elles regagnent un terrain autrefois perdu.